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samedi 31 janvier 2015

Tout savoir sur... Jirô Taniguchi


  
Au Temps de Botchan [cliquez sur les aperçus pour voir en grand]


                Sommaire

                   Le style de Jirô Taniguchi
                   Influences
                   Quelques Oeuvres
                   L'Art de se promener
                   Sources




Le style de Jirô Taniguchi


 S'il n'est que modestement reconnu au Japon, la France l'a acclamé dès la parution de son premier album adapté en 1995, l'homme qui marcheCe livre a été le premier manga japonais à être primé au festival de la BD d'Angoulême, distinction très importante, il a su toucher tous les âges.

 Son oeuvre va  cependant bien au-delà des adaptations de ses récits en Occident : Jirô Taniguchi est un passeur de culture. Tel un ambassadeur, il a permis l'ouverture du public français à une autre forme de manga, nous éloignant subtilement des idées préconçues et des clichés dont souffrent certains mangas caricaturaux, aux personnages aux grands yeux, aux attitudes  exagérées, aux comportements très expressifs.
  
  Avec une narration légère et des personnages contemplatifs, qui déambulent dans un environnement réaliste et riches en détails, absorbés tantôt dans des souvenirs, tantôt dans des pensées. Il s'établit donc une rupture avec les codes japonais traditionnels où l'emphase est la règle première.








"La marche me semble devoir être une liberté. Ni objectif ni limite de temps de doivent l'entraver." J.Taniguchi












Comme le dit si bien Stéphane Beaujean :
"son sujet de prédilection, c'est l'homme. Sauf que derrière l'universalisme apparent, c'est bel et bien l'intériorité de l'homo japonicus dont Jirô Taniguchi dresse le portrait".
 Chez lui il y a une subtilité dans le traitement des émotions fines à laquelle la bande dessinée européenne ne nous a pas tellement habitué : son style est ainsi empreint d'une tradition artistique asiatique. Celle-ci met en exergue les mondes intérieurs et flottants, au grès d'une organisation du monde matériel qui semble souvent être la projection des états de conscience des personnages. 
Ainsi il y a une sorte de décrochage par rapport au quotidien observé d'un oeil inhabituellement attentif.





"Contrairement à la pensée occidentale, longtemps anthropocentrée, les Orientaux de l'Extrême-Asie n'ont pas connu cette prison du corps de laquelle des Occidentaux ont eu tant de peine à s'évader. Rien n'est venu limiter, chez eux, la faculté de saisir les activités multiformes du monde, de les comprendre et de les exprimer.
Aussi, à la base de leur civilisation tout entière se trouve une conception de la relativité des choses retentissant aussi bien sur les cadres sociaux, les structures psychologiques, les idées psychologiques ou religieuses que sur l'ensemble de leur art. Jirô Taniguchi ne fait qu'appliquer, de manière plus ou moins naturelle, ces préceptes, à sa bande dessinée : il mesure la place exacte de l'homme au coeur de la nature, cherchant, par son découpage, à saisir le mouvement divers des destinées d'un monde tel qu'il est défini en Asie : soit un ensemble frémissant dont la vie s'écoule, avec ses subtilités, ses beautés et ses douleurs, dans une activité géante."





Influences


 Au début des années 70, Jirô Taniguchi fait partie des rares auteurs de manga au Japon à avoir la curiosité de feuilleter des revues européennes comme Heavy Metal. Il découvre alors le travail d'une poignée d'auteurs européens qui l'impressionnent beaucoup comme Schuiten, Crepax, Crespin, Bilal, Giardino, dont il nourrit à la fois son appétit de techniques différentes et son imaginaire puisqu'il ne comprend pas les textes.
Il s'intéresse au travail sur le western de Jean Giraud, dont il apprendra ensuite qu'il publie sous le nom de Moebius, auteur qu'il admirait par ailleurs.

Ainsi il va ajouter à son vocabulaire graphique ce qui lui semble pertinent en piochant dans la culture occidentale.


"Ces auteurs m'ont montré qu'il y avait de multiples façons de travailler qui n'étaient pas exploitées dans le manga. Ils m'ont fait sentir la grande force que mouvait avoir l'image, l'importance du dessin, la façon de choisir parmi les diverses techniques d'illustration en fonction d'un objectif narratif ou esthétique. J'ai saisi avec eux que, pour chaque expression, on peut trouver un type de dessin plus particulièrement approprié. Au Japon, c'était surtout le récit, l'histoire qui comptait, mais avec ces auteurs de BD, les choix esthétiques étaient souvent au centre. Cette découverte faite dans la BD a été essentielle pour moi."


François Schuiten

   



Giardino


  

Jean Giraud / Moebius


  

Bilal



Crespin

  

Quelques oeuvres

⤅ Au temps de Botchan

Jirô Taniguchi  : "Au temps de Botchan a été un moment décisif dans l'évolution de mon travail. Avec Natsuo Sekikawa, nous avons eu envie de créer des mangas à partir d'éléments littéraires qui n'avaient encore jamais été utilisés dans le manga. Nous avons eu envie de faire en manga ce qui était fait en littérature. Du coup, j'ai dû changer ma façon de travailler : la mise en scène, la façon de dessiner. Et en le faisant, j'ai senti que de nouveaux horizons s'ouvraient, que j'ai eu envie de continuer à explorer".

⤅ Le Gourmet solitaire


⤅ Quartier Lointain

  Comme le souligne Benoît Peeters, il y a une idée au coeur de l'oeuvre de J.Taniguchi que nous n'avions pas encore évoquée : peut-on réparer le passé ? 
  C’est le sujet secret de Quartier Lointain, histoire d'un quadragénaire qui ayant un peu trop bu la veille revient par accident, ou de manière inconsciente, dans la ville de son enfance où il n'est pas allé depuis très longtemps. Et au moment où il arrive sur la tombe de ses parents, magiquement, fantastiquement, il se retrouve dans son corps de quatorze ans, de collégien, mais avec sa lucidité et sa mémoire d'homme adulte.

⤅  Venise, pour Louis Vuitton




Louis Vuitton a confié à Jirô Taniguchi la conception d'un Travel Book sur Venise. Il fait suite à d'autres carnets de voyage illustrés chaque fois à un illustrateur ou un dessinateur de bande dessinée différent, sur Londres, le Vietnam, New-York par exemple. L'oeuvre de J.Taniguchi est sans doute la plus belle réussite.

"L ‘auteur ne s’affranchit pas complètement de la narration, et construit le voyage comme une véritable bande dessinée sans bulles, dont les planches sont construites avec des cases, autour d’un personnage dont le récitatif construit une sorte de fil conducteur." [Huffington Post]

Deux titres de l’artiste pourrait avoir convaincu Louis Vuitton de passer commande à J.Taniguchi : L’homme qui marche (1991), et Le Gourmet Solitaire (1996). 






L'Art de se promener

"Durant la promenade, l'attention de l'esprit ne doit pas être poussée. [...] Elle doit glisser au-dessus des objets en quelque sorte, répondre à leurs sollicitations plutôt que de se laisser contraindre à leur étude par l'esprit. Réceptif et ouvert, l'esprit doit accueillir avec tranquillité les impressions des choses qui l'entourent plutôt que de se soustraire à elles, perdu dans ses idées et revenant sans cesse sur ces propres réflexions." Kart Gottlob Schelle, l'Art de se promener, 1802

"L'observateur est un prince qui jouit partout de son incognito" Baudelaire, Le peintre de la vie moderne, 1863


Sources

- hors-série les inRocks2 consacré à Jirô Taniguchi

- biographie sur BDthèque
- site de la BD d'Angoulême, exposition dédiée à Jirô Taniguchi
- article Huffington Post - Jirô Taniguchi dessine Venise pour Louis Vuitton
- video Venise Louis Vuitton
- entretien sur RCF Radio - le géant de la BD Jirô Taniguchi vu par Benoît Peeters
- post de TokyoBanhbao




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